De l’art brut?
L’art brut, « art des fous » ou Appellation d’Origine Fantasmée ?
A la différence des courants artistiques classiques, l’art brut est souvent décrit par les conditions d’existence de ses auteur.e.s : des patient.e.s d’hôpitaux psychiatriques, des solitaires, des exclu.e.s et des « illuminé.e.s ». Les créations brutes apparaissent comme des refuges imaginaires où peuvent s’exprimer les perplexités de leurs auteur.e.s et la brutalité des normes.
L’artiste et écrivain français Jean Dubuffet consacrera sa vie à collectionner et à théoriser cet art « hors-normes », composé d’« œuvres ayant pour auteurs des personnes étrangères aux milieux intellectuels, le plus souvent indemne de toute éducation artistique, et chez qui l’invention s’exerce, de ce fait, sans qu’aucune incidence ne vienne altérer leur spontanéité » (Dubuffet, 1964).
De l’art brut à ¾ BRUT
Dans la continuité des travaux de philosophie « Perplexités, Institutions, Créativités. De l’art brut au laboratoire itinérant » (Quentin Bazin, IrPhiL-Litt&Arts), ¾BRUT propose des expositions itinérantes et des ateliers de créativité. Cette enquête universitaire a permis de découvrir de nombreuses pratiques et biographies d’auteur.e.s brut.e.s, ainsi que de nombreux sites apparentés à l’art brut dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce sont ces découvertes qui nourrissent nos propositions d’animation culturelle.
Qualifier l’art brut et le reconnaitre, c’est déjà l’institutionnaliser, le sortir de son origine précaire et nécessaire. S’inspirer de l’art brut ne fait pas de nous des artistes bruts, mais ouvre notre perception habituelle. Ces créations interrogent notre propre rapport au monde, notre capacité à nous échapper des violences sociales et institutionnelles, en inventant de nouveaux chemins de traverse. Prendre conscience que l’art peut être fait sans le savoir permet de nous rendre « presque brut.e.s » : ¾BRUT !